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Vie de Rihab
28 août 2016

Le ridicule ne tue pas

Le ridicule ne tue pas, la timidité non plus (heureusement d’ailleurs sinon je ne serai plus parmi vous :-)) 
Des années en arrière, je me rappelle d’une petite fille, d’une jeune adolescente, très timide, pas sûre du tout de ses pas, qui balbutie quand elle prenait la parole, qui oublie même les mots quand les regards se fixent sur elle. Pour anecdote, je vous raconte ce fameux après-midi où j’étais accompagnée de ma sœur. J’avais une vingtaine d’années. Ma sœur « m’imposa » de passer par le boulevard à Tanger pour rentrer chez nous, chose qui m’arrivait rarement. Même si mon école s'y trouvait, je me frayais toujours un chemin dans les petites ruelles annexes à cette belle avenue dont le seul problème est qu’entre un café et un café il y a un autre. Donc je suis ma sœur, dont la démarche est sûre, pourquoi ne pas l’avoir, elle qui est aussi grande de taille, aussi belle, aussi magnifique. Avant de traverser une route, il y avait un café qui faisait l’angle, un groupe de garçons y est installé. La seule chose que je remarque, tous ces regards fixés sur nous, oups sur elle évidemment. Je lui dis : « Dina, je ne peux pas passer par là, je veux qu’on aille de l’autre côté». « Mais arrête avec tes conneries, ils ne vont pas te manger » me répondit-elle. Le cœur qui bat la chamade, je baisse la tête, j’accélère les pas pour passer le plus rapidement possible ce supplice. Bien sûr ça n’allait arriver qu’à moi, ma sœur devant, toujours la tête baissée, juste en parallèle avec ce café, et avec ce groupe de jeunes hommes qui nous scrutait, je rentre dans une poubelle, celle qui est accrochée au poteau de lumière. Un brouhaha énorme surgit de nulle part, la honte hhhhhhh. Mais je devais sauver la face, ma face et je continue mon chemin en me refusant le droit de se plaindre de cette douleur au front. Ma sœur ne se retourne pas, me balance : 
« Qu’est-ce qu’ils ont jeté sur toi ? » 
Et moi en massant ma bosse : « Rien, je suis rentrée dans une poubelle tout simplement »
« Wili wili wili, tu me fous la honte »
« Ben, je t’ai dit que le boulevard n’est pas fait pour moi »
Ceci n’est pas incident orphelin, j’en ai connu bien d’autres épisodes et j’en suis fière parce qu’aujourd’hui c’est matière de rigolade, et oui fière aussi de tout le chemin parcouru, je reviens de loin parce que mon cas était désespéré hhhhhhhh
Je remercie la vie, cette vie qui nous malmène, qui nous secoue, qui nous brutalise, pour enfin extraire notre essence, pour enfin nous révéler à nos grands jours, et tout cela s’effectue doucement, mais sûrement à travers le temps, à travers l’apprentissage et à travers les coups. Non que je ne suis plus timide, mais je la gère beaucoup mieux cette timidité.

 

Rihab M. 

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