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Vie de Rihab
17 août 2017

Journal 3.

Il fait chaud, une ambiance infecte, une patronne qui crie sur tout le monde, des clients qui attendent, c'était l'été 2004 à Dijon, derrière le four, la sueur, la fatigue, je souffrais mais je voulais tester ma capacité d'endurance, aussi molle que j'étais, le fruit d'une éducation très "couveuse". Je ne parlais que rarement, personne ne savait ce que je faisais en France, ni d'où je viens, ni rien du tout. J'étais la seule fille, avec la responsable. Cette dernière n'arrêtait pas de me crier dessus, ainsi que sur tous les autres, me snober genre (j'ai acheté un tissu mais qui coûte très cher pour toi, 150€ !!!!!!!!), "je suis..." "j'ai fait...." "je suis allée..." Moi je ne disais rien. la pizzeria avait un contrat hebdomadaire avec mon école, la responsable n'arrêtait pas de vanter ce contrat: "c'est une grande école, il n'y a que les gens de haute société qui y étudient, avoir un diplôme de cette école est très difficile,...". J'ai souffert le martyr dans cette pizzeria, je n'ai touché mon salaire qu'après 2 mois de travail (en plus le propriétaire a voulu m'arnaquer en me donnant que la moitié), j'ai eu un accident de travail et m'ont laissé à la débrouillardise parce que je n'étais pas déclarée, en plus de la mauvaise humeur de la responsable et de l'ambiance générale qui y régnait. Mais j'ai tenu le coup, tant bien que mal, mais je l'ai tenu jusqu'à la fin. 
Un jour, c'était calme, pas beaucoup de clients et donc place au bavardage. Je mettais de l'ordre dans la pizzeria, quand j'entends la responsable me parler sur un ton de compassion, tiens c'est nouveau ça, elle n'a pas l'habitude. 
"Je comprends que ce n'est pas facile pour toi d'être ici, il faudra peut être envisager de rentrer chez toi, parce que c'est difficile d'obtenir des papiers en France à moins que tu ne trouves un mari" me dit-elle
Je la regarde et je continue ma besogne 
"D'ailleurs comment tu fais pour vivre? les quelques heures que tu fais ici ne doivent pas combler toutes tes charges"
"Je suis étudiante à l'école avec laquelle tu as un contrat et je suis prise en charge par mes parents"
Je ne vous dis pas sa tête, décomposée, elle ne savait pas où se mettre ni quoi répondre. Moi je m'amusais intérieurement. Et je rajoute: 
"Ma mère est vendeuse de tissus, il y en a certains qui coûtent des milliers d'euros"
Je n'aime pas remuer le couteau dans la plaie et ce n'est pas du tout mon genre, mais ça c'était ma petite revanche en plus pour ce qu'elle m'a fait subir hhhhhhhhhh
Ce jour là, j'ai compris combien l'humilité est un don que nous devons développer, elle n'est pas donnée à tout le monde, comme nous sommes dans une société d'apparences ou plus tu montres, l'autre montre aussi et montes encore d'un cran, ce qui t'obligera à faire la même chose et ça ne finit pas, c'est un cercle vicieux. 
La richesse n'est pas dans ce que nous possédons mais dans ce que nous sommes.

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