Mon amie

J’aurais tant aimé être à l’image de cette personne qui a croisé mon chemin il y a quelques années maintenant.

« Comment fais-tu? » lui avais-je demandé à l’époque
Avec un grand sourire, elle me répond : « Je ne fais rien, je suis juste moi-même »
« Tu sais, cela ne m’avance en rien, et n’éclaircis pas mes lanternes »
Silence total, silence apaisant, silence qui invite à la réflexion.

Mon amie est le genre de personne qui, pour une raison ou une autre, si elle croise votre chemin, vous ne risquez pas de l’oublier de sitôt. Sa marque restera à jamais gravée dans votre mémoire. J’aime bien quand elle me raconte ses histoires de vie, des histoires des fois bien enfouies mais que j’aime extraire de force parce que je me suis désignée gardienne de ses souvenirs. Ce jour là, me raconta :

« Quand j’étais plus jeune, j’ai rencontré un homme…je l’ai vu en tout et pour tout 2 fois dans ma vie, mais il m’a attendu 6 ans de la sienne, espérant qu’un jour nos âmes s’unissent. Je ne lui ai jamais promis quoi que ce soit. Comme il me savait lancée dans de longues années d’études, il a fait pareil. Il a démissionné de son poste à l’époque, a continué ses études. Je n’ai pas eu de ses nouvelles durant toutes ces années, quand il a estimé que le moment était venu pour retenter sa chance, il appela. Il a consacré tout ce temps à s’instruire, se cultiver, assurer sa carrière professionnelle, pour me faire plaisir, il a acheté un appartement dans la ville qui m’inspirait pour y vivre et…il attendait à ce que je le rejoigne. Moi, j’attendais à ce qu’il me déteste, mais non. Il m’a remercié en disant qu’il m’était redevable parce qu’il est heureux maintenant. Tu sais, Rihab, je ne lui ai jamais demandé quoi que ce soit et pourtant»

Mon amie est polie, bienveillante, bonne au plus profond de son être. Elle ne répond jamais à la méchanceté par la méchanceté. 
Mon amie est à l’écoute, donnant à chacun la possibilité de s’exprimer comme il l’entend sans le juger, sans le critiquer, sans l’étiqueter. 
Mon amie trouve toujours les mots justes pour réconforter, pour relativiser, pour vous pousser à aller de l’avant. 
Mon amie n’est ni faible, ni dupe, elle a choisit d’être cette personne, « pour avoir la conscience tranquille » dit-elle « et parce que je n’aime pas les chemins faciles ». Elle continue : « La méchanceté gratuite est facile, l’hypocrisie est facile, porter atteinte aux autres est facile. Ce qui est le plus difficile c’est faire un travail sur soi, pouvoir se regarder dans le miroir tout en étant conscient de qui est réellement cette personne en face. De surmonter ses peurs, ses angoisses. Tout cela est plus difficile.

Je me rappelle, un jour, nous étions en train de se balader au bord d’un lac, et là on croise une jeune fille. J’avais l’impression qu’elles ne se sont pas vues depuis un lustre. Après les demandes de nouvelles, les tu me manques, les qu’est ce que tu deviens,…la jeune fille dit à mon amie : 
« Si je dois te remercier pour quelque chose dans ma vie, c’est pour le fait que tu m’aies donné goût à la lecture. Le livre ne me quitte plus et je ne peux trouver mieux que fidèle compagnon. Ça a permit à mon esprit de s’ouvrir. Je ne me voyais jamais avec un livre dans les mains et pourtant »

Après les au revoir, j’ai demandé à mon amie : « Mais comment tu as fait ? », elle a sourit en me disant: « Je lui ai fait sentir l’odeur nauséabonde d’un livre et elle en est tombée amoureuse»

Je ne vous cache pas que des fois j’ai du mal à la suivre, après tout elle reste un être humain, mais ce n’est pas grave puisque sa compagnie est si douce, si agréable et avec elle je ne peux qu’être moi-même. La première leçon qu’elle m’a apprise.

Rihab M.